On ne gère pas le changement comme on gère une gestion de projet, fût-elle d’un excellent niveau. Soyons précis : les compétences d’une gestion de projet, dans la conduite du changement, sont nécessaires ! Absolument nécessaires même : on doit savoir réaliser un diagnostic, savoir définir des objectifs et les distinguer des intentions, préparer un plan d’action priorisé, établir un plan de mobilisation, de communication, piloter et animer des réunions/projets. Mais aussi d’un point de vue organisationnel : on doit savoir identifier et organiser les instances nécessaires à l’élaboration du projet.
Ces compétences, pour mener un projet, sont nécessaires en maîtrise d’œuvre ou en maîtrise d’ouvrage du changement. En clair, que l’on soit dans une phase de diagnostic ou dans une phase d’intervention concrète, ces compétences seront toujours nécessaires, c’est le b.a-ba, qui ne s’apprend pas à la faculté de philosophie !
Qu’est-ce qui diffère alors entre gestion de projet et conduite du changement ?
D’abord, dans la co-élaboration, responsabilisante pour les parties, du bon diagnostic à faire et des bonnes préconisations. Prendre le temps, ensemble de penser le bon dispositif. C’est ce que nous appelons les réunions d’alignement de la transformation, un type de réunion que l’on ne retrouve pas dans la gestion de projet classique. Il ne s’agit pas seulement de faire le bon diagnostic des besoins, il s’agit aussi d’analyser le système complexe vivant, comment il réagit à nos actions. Il s’agit de faire une place à l’imprévisible. Il s’agit de se dire collectivement (dans la réunion pilote) quels sont les présupposés de nos manières d’intervenir dans le système.
Ensuite, l’accompagnateur d’une vraie transformation n’est pas un chef de projet, mais un responsable de projet. La transformation nécessite aussi des savoirs-être socratiques, des savoirs-être de maïeuticiens, car si l’on accompagne un client on n’est jamais le leader de tel ou tel projet ou, plus grave, de telle ou telle équipe, à la place du leader. Nous faisons toujours varier notre posture en tant que conseiller et facilitateur pour notre client tout comme le faisait Socrate avec ses pairs.
Il s’agira aussi d’inviter nos clients à être au bon niveau de réflexivité, comportementalistes quand il le faut, plus herméneutes quand il le faudra aussi. Pour ce faire, nous nous parlerons réciproquement de la manière dont nous nous parlons, au moyen de Metagora, c’est comme cela que nous animons la performance.