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Éthique et business font-ils bon ménage ?

« Ethic pays » disent les Américains avec leur inénarrable sens pragmatique. Ils n’encombrent pas leur esprit d’une histoire du désintérêt, d’une manière générale et en étant injustes, on dira qu’ils ne font pas d’histoire. Les comportements dits « humains » seraient-ils « bankable » ? Posez la question à un militaire, officier supérieur de préférence, quelqu’un qui a du galon et donc, on peut le supposer, de l’expérience. Il vous répondra que le commandement seul ne suffit jamais pour entraîner l’adhésion. Que le stress voire la peur sont choses très mauvaises pour faire adhérer les soldats de manière durable. En temps de paix, à la limite, le commandement en mode « petit chef » autoritaire, cela peut aller. Après tout, il est dans l’ADN de celui ou de celle qui s’engage dans l’armée que d’obéir. Mais en temps de guerre, le petit chef se fait renverser, voire massacrer … par ses propres soldats. Il faut bel et bien chercher à faire autorité, par l’exemple que l’on donne, par le fait qu’on sera prêt à être en première ligne soi-même, par le fait de faire ce que l’on dit. Il faut donner confiance en faisant confiance. Principe de subsidiarité oblige. Il est donc dans l’intérêt du Général que ses hommes aient confiance et soient affectivement attachés à lui. Un leader qui inspire un attachement lié au respect et à l’affectivité. De l’affectivité et de l’attachement, point trop n’en faut non plus à l’égard du Leader. L’amour fusionnel est plutôt déconseillé, car vos hommes se battront à votre place, penseront à votre place, feront à votre place ; ils seront ce que l’analyse transactionnelle appelle des sauveteurs en toute occasion, ceux qui sont épris d’une sollicitude-violence comme dit Heidegger. Pour faire autorité, il faut donc entraîner le respect, seul sentiment vraiment moral aux yeux de Kant. Il faut s’intéresser aussi, aux personnes. Renversons la pseudo philosophie du désintéressement une seconde. Après tout, ce serait l’homme qui ne serait intéressé par rien qui ne serait pas vraiment homme. Pire, l’homme qui ne serait pas intéressé du sort de l’homme serait à coup sûr inhumain à nos yeux. Vive l’intérêt, lorsqu’il est investi par l’homme pour l’homme. Faisons de l’éthique pragmatique.

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La philosophie montrerait sa vraie nature si elle cessait d’être un dispositif pour régler les problèmes des philosophes et qu’elle devenait une méthode, cultivée par les philosophes eux-mêmes, pour traiter les problèmes que rencontrent tous les hommes.
John DEWEY , Fondateur du pragmatisme philosophique