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[BLOG] Pourquoi les managers doivent poser des questions ?

Le rôle du manager ne se résume pas à trouver des réponses rapides ou à trancher toutes les décisions ; il s’agit bien plus de poser les bonnes questions. Dans un contexte où les entreprises évoluent à un rythme rapide, les managers sont souvent confrontés à des demandes contradictoires : d’un côté, il faut maintenir la productivité et délivrer rapidement, et de l’autre, il faut encourager l’autonomie et préparer les équipes aux transformations. La clé pour naviguer dans cet environnement complexe réside dans un management éclairé par la philosophie et un esprit critique acéré.

 

  1. Poser des questions pour construire un management de sens

Poser des questions est un acte de discernement. Un manager qui questionne ne cherche pas à simplement obtenir des réponses, mais à stimuler la réflexion et à guider l’équipe vers une compréhension plus profonde des enjeux. Il ne s’agit pas d’une perte de temps ou d’un manque de savoir, mais d’une pratique essentielle du leadership : un bon manager sait qu’il ne peut tout savoir et qu’il est plus productif de s’interroger que de prétendre détenir toutes les réponses.

Dans le management, poser les bonnes questions aide à clarifier les objectifs et à éviter les malentendus. Prenons l’exemple du télétravail. En 2020, de nombreuses entreprises ont dû décider de la fréquence du télétravail. Certains dirigeants se sont rapidement positionnés pour ou contre, sans consulter leurs équipes ni évaluer les besoins réels. Un manager qui adopte une démarche plus philosophique aurait posé des questions fondamentales : “Quand avons-nous vraiment besoin d’être ensemble physiquement pour créer de la valeur ?” ou “Quelles tâches nécessitent une présence sur site ?”. Ce type de questionnement aide à prendre des décisions plus adaptées et plus inclusives, en accord avec la réalité opérationnelle.

 

  1. Le rôle du manager : faire émerger l’intelligence collective

Un manager n’est pas simplement là pour « faire », mais pour « faire faire ». Son rôle consiste à faciliter le travail des autres, à connecter les savoirs et les compétences des membres de son équipe pour obtenir les meilleurs résultats. En posant des questions, le manager devient le pont entre les différents points de vue et crée les conditions pour que chacun exprime ses idées et contributions. Cette pratique, inspirée par la philosophie du dialogue, permet de faire émerger l’intelligence collective, où chaque membre de l’équipe se sent écouté et valorisé.

Dans un contexte VUCA (Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté), où les changements sont constants, l’esprit critique devient essentiel. Les managers qui encouragent les questions stimulent la réflexion critique de leurs équipes, ce qui favorise des prises de décision plus nuancées et ajustées aux défis du moment. Il ne s’agit plus d’avoir la bonne réponse immédiate, mais de construire un espace où le questionnement et l’apprentissage sont au cœur de la performance collective.

 

  1. Développer un esprit critique : apprendre à poser les bonnes questions

L’esprit critique est une compétence clé pour tout leader. Il ne suffit pas de poser des questions, il faut poser les bonnes questions. Cela demande un discernement aigu, une compréhension fine des enjeux et une capacité à prendre du recul sur les situations. En ce sens, le manager devient un véritable philosophe du quotidien, guidant les autres à travers des questions qui révèlent des perspectives cachées ou des angles d’approche inexplorés.

Dans le management de projet, par exemple, il est courant de se lancer dans l’action sans prendre le temps de définir le “pourquoi”. Combien de projets échouent faute d’avoir clarifié les intentions de départ ? Un manager avisé commencera par questionner le « pourquoi » avant de se précipiter vers le « comment ». Cela aide les équipes à ne pas se perdre dans les détails opérationnels sans avoir une vision globale de l’objectif. La philosophie, en tant qu’outil de questionnement, devient ici un atout précieux pour le discernement stratégique.

 

  1. Instaurer une culture du questionnement pour responsabiliser

Poser des questions est également un moyen de responsabiliser les équipes. Lorsqu’un manager invite ses collaborateurs à réfléchir sur leurs actions et à partager leurs points de vue, il leur offre un espace de co-construction et d’appropriation des décisions. Ce type de leadership favorise l’autonomie et l’engagement, car les équipes sentent qu’elles participent activement à la prise de décision.

Un exemple frappant est celui des réunions d’équipe. Plutôt que de dicter les actions à entreprendre, un manager orienté vers le questionnement peut demander : “Comment pensez-vous que nous pourrions aborder ce problème de manière plus efficace ?”. En engageant les collaborateurs dans cette réflexion, il les responsabilise tout en renforçant leur esprit critique. Ce processus permet aussi de repérer des angles morts ou des solutions innovantes qui ne seraient pas apparus dans un cadre plus directif.

 

  1. Les managers, de véritables « philosophes » du travail

Dans le monde complexe et incertain des affaires, il est de plus en plus évident que les managers sont appelés à devenir des philosophes. La philosophie, en tant qu’art du questionnement, outille les managers pour naviguer les dilemmes et les tensions qui émergent au quotidien. Plutôt que de chercher à tout prix des solutions immédiates, le manager-philosophe accepte l’incertitude et utilise le questionnement comme un moyen d’éclairer progressivement la situation.

Un manager inspiré par la philosophie ne craint pas de poser des questions inconfortables ou de remettre en question les évidences. Il sait que le changement et l’innovation naissent souvent d’un acte de remise en cause, et il encourage les membres de son équipe à faire preuve du même discernement. Cette approche favorise une culture d’entreprise plus agile et plus résiliente, capable de s’adapter aux évolutions du marché.

 

  1. Prendre du recul pour mieux décider : le discernement en action

Le discernement est la capacité de voir au-delà de l’évidence, d’identifier ce qui est vraiment essentiel. Pour un manager, cela signifie savoir quand agir et quand s’arrêter pour poser une question. Ce recul est particulièrement important dans les situations de crise ou de forte pression. Poser une question dans un moment de doute ou d’incertitude peut permettre de clarifier des choix et de repenser une stratégie. Ce discernement constitue l’essence même d’un leadership éclairé et mature.

En prenant le temps de questionner la pertinence d’une action ou d’un choix stratégique, le manager gagne en clairvoyance et s’assure que les décisions prises sont alignées avec la vision à long terme de l’entreprise. Cela ne signifie pas retarder indéfiniment l’action, mais prendre le temps nécessaire pour évaluer les enjeux avant d’agir.

 

  1. Poser des questions : un investissement dans la culture d’entreprise

Enfin, poser des questions est un investissement dans la culture d’entreprise. Une organisation où le questionnement est valorisé est une organisation qui favorise l’innovation, l’adaptabilité et le développement personnel. Les collaborateurs apprennent à ne pas craindre les incertitudes et développent une capacité d’adaptation face aux changements. En instaurant une culture du questionnement, le manager encourage une mentalité d’apprentissage continu, où chacun se sent libre d’explorer de nouvelles idées et de contribuer activement aux projets.

Le manager-philosophe comprend que les questions ouvrent la voie à des discussions plus riches, à des perspectives diversifiées et, en fin de compte, à des décisions plus éclairées. C’est dans cet esprit que le questionnement devient non seulement un outil de gestion, mais un pilier fondamental du leadership et de la culture d’entreprise.

 

Conclusion

Dans un environnement professionnel en constante évolution, les managers sont effectivement « payés pour poser des questions ». Ce n’est pas un signe de faiblesse ou d’incertitude, mais au contraire, un marqueur de discernement et de leadership éclairé. En cultivant l’esprit critique et en faisant du questionnement une pratique régulière, les managers renforcent leur capacité à naviguer les complexités du monde moderne, tout en inspirant leurs équipes à faire de même. En fin de compte, poser des questions, c’est affirmer une vision du management qui valorise l’intelligence collective et la quête de sens, des valeurs qui sont au cœur d’un leadership philosophique et authentique.

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