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Comment rassurer les collaborateurs dans le cadre d’une fusion ?

« Qui mange qui ? », voilà qu’au détour d’un repas, les collaborateurs d’une entreprise en train d’être rachetée, échangent confusément leurs impressions. On aurait tort de ne pas bien écouter le champ lexical utilisé. « Qui mange qui ? ». Si les Français sont souvent gastronomes, on n’a jamais dit qu’ils étaient cannibales… pourtant … C’est dire la violence de ce qui se produit pour celles et ceux qui échangent ces mots autour de la table. Certains « gros » auraient le pouvoir de dévorer, je dis bien « dévorer » les « petits ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’avons pas vraiment « le goût des autres » en disant cela … Cela montre notre rapport de défiance, de méfiance aux autres et plus largement au monde des affaires.

Si l’on ne peut être naïf, doit-on pour autant nourrir -c’est le cas de le dire- une vision cannibale des choses et voir dans ceux qui rachètent des entreprises des sauvages, des monstres, des chiens dévoreurs de cadavres exquis… Aussi choquante soit cette vision des choses, elle laisse penser que la vraie sécurité se trouve ailleurs que dans les seules due diligence. Car nos fameux collaborateurs se disent tout cela à la pause déjeuner, mine de rien, la boule au ventre (et le steak au soja n’a rien à voir là-dedans pour une fois).  Blague à part, la question de savoir qui mange qui signifie que certains vont être digérés, supprimés, évacués. Pour ces collaborateurs, aucun accompagnement au changement n’aura lieu. Ils ont besoin d’être rassurés, pour cela il ne faut point mentir, c’est la condition nécessaire, mais non suffisante. De même qu’il y a du citrate de bétaïne pour les digestions difficiles, on peut imaginer que pour qu’une appropriation (et non une simple adaptation) ait lieu, il faut avoir des abeilles noétiques à ces côtés ! Car il faut bien s’approprier (et donc transformer) cette histoire cannibalique si l’on veut reconstruire une histoire durable, et pour les hommes, et pour la performance. Pour ce faire, il faut à la fois déterminer le terrain de jeu et ses contraintes (car l’on ne saurait mentir sur les réels jeux de pouvoir à l’œuvre), mais aussi disposer de méthodes d’appropriation et des méthodes de rencontres réelles pour qu’il n’y ait pas cannibalisme, mais gastronomie partagée.

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